La méthode patrimoniale d’évaluation
La méthode patrimoniale consiste dans un premier temps à évaluer les actifs de l’entreprise à reprendre. Les dettes seront ensuite soustraites pour calculer l’actif net comptable (ANC). On peut établir la formule suivante :
Actif net comptable = actif net – dettes – provisions pour charges et risques.
Ce bilan ne révèle toutefois qu’une valeur historique de ce que l’entreprise possède. Autrement dit, il s’agit de l’argent qu’elle a utilisé pour acheter ses biens qui ont ensuite subi un amortissement comptable sur la durée. Vous devez donc l’ajuster en intégrant des corrections telles que :
- la réévaluation des éléments dont la valeur a augmenté ou diminué (biens immobiliers, matériels, fonds commercial, stocks…),
- les actifs financés en crédit-bail et leur contrepartie au passif,
- le passif social (provisions pour la retraite de salariés) ou les dépenses pour la remise en état du site d’exploitation,
- les passifs de liquidation lorsque cette option est envisagée (paiement des frais, indemnisation des salariés),
- la suppression des éléments sans valeur économique (frais d’établissement, de recherche ou de développement, aménagements non adaptés, marques…).
Avec ces corrections, vous obtenez l’actif net comptable corrigé (ANCC). On peut donc écrire la formule : ANCC = actifs réels – dettes réelles.
Évaluer l’entreprise à reprendre : Le goodwill
Après avoir déterminé l’actif net comptable corrigé, certaines méthodes d’évaluation procèdent au calcul de ce qu’on appelle le goodwill. Celui-ci permet d’inclure la capacité du patrimoine de l’entreprise à générer un rendement pour son propriétaire grâce à ses biens incorporels. En effet, ces derniers ne sont pas pris en compte dans l’actif net corrigé.
Pour ce faire, vous aurez besoin du résultat net annuel de l’entreprise (RN). Vous devez ensuite soustraire ce que pourrait rapporter la première valeur patrimoniale obtenue (ANCC) en intérêt s’il s’agissait d’un placement sans risque. On obtient ainsi la part du résultat net permettant de rémunérer les capitaux engagés. On trouve également ce qu’ils sont en mesure de rapporter en tant que placements sans risques.
Goodwill = RN – (taux sans risque) x (actif net corrigé)
Cette approche va appliquer au résultat restant une méthode de rentabilité. La plupart du temps, c’est un multiple de ce résultat ou une comptabilisation actualisée sur plusieurs années. La valeur de l’entreprise est enfin connue en faisant l’addition de l’actif net corrigé et du goodwill.
Les avantages et les limites de la méthode patrimoniale
L’approche patrimoniale permet de faire des calculs abordables qui simplifient l’échange entre le cédant et le repreneur. Dans certains cas, elle fournit une donnée suffisamment proche de la valeur économique de l’entreprise pour faciliter la négociation. C’est aussi une méthode utile pour en savoir plus sur la valeur de remplacement ou de liquidation de l’exploitation.
Cependant, l’analyse réalisée reste plutôt statique et ne prend pas assez en compte les variations importantes et récentes de la rentabilité de l’entreprise. Le repreneur n’a aucune indication sur le montage de son financement.
Évaluer l’entreprise à reprendre : L’estimation par la rentabilité
Cette évaluation permet d’avoir une idée de la valeur de l’entreprise pour en fixer le prix de rachat ou de cession. On obtient d’abord une vision très partielle qui sera ensuite pondérée par certains facteurs de sorte à déterminer un prix de vente juste et pertinent d’un point de vue économique. Ces méthodes seront en général plus efficaces lorsqu’il s’agit d’une petite entreprise ayant seulement quelques salariés.
Cette évaluation se base sur le résultat typique de l’entreprise (Rtyp) qui peut provenir d’une observation passée ou future (extrapolée). On procède également à une actualisation par un taux (i) qui prend en compte un éventuel risque que les performances estimées ne soient pas au rendez-vous. La valeur de l’entreprise (VE) s’obtient alors en faisant le calcul suivant : VE = Rtyp/i. Il faut préciser que la valeur de l’entreprise équivaut au résultat typique de la société divisé par le taux d’actualisation.
Déterminez le résultat typique de l’entreprise
La formule pour évaluer la valeur à partir de la rentabilité paraît facile à appliquer en théorie, mais ce n’est pas le cas pour ses indicateurs. La première contrainte dans cette approche réside dans l’estimation du résultat typique de l’entreprise à reprendre. Il existe plusieurs solutions à cette problématique dont la plus simple est d’utiliser l’excédent net d’exploitation (ENE). Les professionnels se basent également sur l’appréciation des résultats à divers niveaux de gestion en considérant aussi :
- l’excédent brut d’exploitation (EBE),
- le résultat courant avant impôt (RCAI),
- le résultat net (RN),
- le cash-flow d’exploitation ou la capacité d’autofinancement (CAF).
L’excédent net d’exploitation est souvent utilisé comme étalon pour l’évaluation, étant donné que cela représente la richesse que l’entreprise est en mesure de générer annuellement. L’ENE est idéal, car c’est un indicateur qui ne dépend pas de la situation financière de la société. Il donne plutôt des renseignements sur ses performances et les résultats qu’elle est capable de produire.
Évaluer l’entreprise à reprendre : Le taux d’actualisation
Le taux d’actualisation représente le coefficient à appliquer à l’ENE. Bien que la formule précédente intègre une division, elle peut être transformée facilement en une multiplication, puisque « i » est en pourcentage. Par exemple : VE = 20 000/20 % = 20 000 x 5 = 100 000. Le coefficient multiplicateur représente, en effet, la durée nécessaire à l’amortissement de l’investissement pour le repreneur.
Un coefficient inférieur à 3 est considéré comme faible et suppose que l’investissement peut être rentabilisé en moins de 4 ans. Cela signale une entreprise peu lucrative ou qui présente des risques de baisse de résultats après l’opération de rachat.
En revanche, un coefficient supérieur à 6 est élevé et implique une durée d’amortissement au-delà de 9 ans. L’entreprise présente donc les caractéristiques d’une extrême solidité et/ou promet l’amélioration des résultats avec la réduction de la durée d’amortissement.
Sur le territoire français, la moyenne des cessions d’entreprises est réalisée avec un coefficient multiplicateur de l’ENE de 4 ou 5. Le temps de l’amortissement se situe, par conséquent, entre 6 et 8 ans.
La méthode d’évaluation par comparaison
Dans ce cas, il s’agit de comparer l’entreprise à reprendre avec d’autres sociétés ayant un profil similaire et qui ont déjà fait l’objet de transactions. L’idéal serait que ces opérations soient récentes et nombreuses. Leurs valeurs sur le marché seront ainsi utilisées pour déterminer celle de l’entreprise à reprendre. C’est une méthode qui convient particulièrement aux rachats de commerces et d’activités artisanales disposant de bases de données comprenant plusieurs transactions.
En pratique, l’évaluation par comparaison permet de calculer la valeur théorique d’une entreprise en utilisant un barème ou un coefficient. Celui-ci doit être observé couramment dans le même domaine d’activité, ainsi que dans la même localisation géographique.
Les professionnels ont néanmoins le choix parmi de nombreux barèmes. L’un des plus populaires permet de déterminer le prix de vente indicatif d’une entreprise par application d’un coefficient ou d’un pourcentage : au chiffre d’affaires annuel TTC ou à la recette moyenne journalière TTC.
Évaluer l’entreprise à reprendre : Déterminez la valeur indicative
La méthode consiste à prendre les 3 derniers comptes de résultat de l’entreprise à reprendre pour obtenir les chiffres d’affaires (CA). En général, ces derniers apparaissent hors taxes. Vous devez donc calculer les montants TTC en rajoutant la TVA collectée. On peut aussi demander à l’expert-comptable du cédant de l’entreprise de confirmer les trois derniers chiffres d’affaires TTC.
L’étape suivante consiste à calculer la moyenne des chiffres d’affaires :
Moyenne des 3 derniers CA = (CA TTC année N + CA TTC année N-1 + CA TTC année N-2)/3.
En fonction de la situation de l’entreprise, vous devez parfois calculer un chiffre d’affaires moyen pondéré qui insiste davantage sur les deux dernières années. La formule devient alors :
Moyenne des 3 derniers CA = [(CA TTC année N x 3) + (CA TTC année N-1 x 2) + (CA TTC année N-2 x 1)]/6.
Il suffit ensuite d’appliquer les coefficients ou les pourcentages du barème pour obtenir la valeur théorique recherchée. Pour une entreprise pluriactive dont les comptes ne révèlent qu’un CA global, vous devriez demander une ventilation du chiffre d’affaires par activité attestée par l’expert-comptable.
L’ajustement de cette valeur
Une comparaison avec des entreprises présentant exactement le même profil (même taille, environnements similaires, clientèle identique) est très difficile à réaliser. C’est pour cela qu’il faudra moduler le résultat obtenu en considérant les éléments déterminant la valeur vénale de l’entreprise (matériel, marque, etc.). Il faudra par ailleurs tenir compte de ses atouts et ses faiblesses (réputation, qualification des équipes, qualité des produits, emplacement commercial, etc.).
Cette analyse peut conduire à un ajustement visant à majorer ou à minorer la valeur calculée précédemment. C’est une étape qui nécessite la plupart du temps l’avis et l’expertise d’un spécialiste de la reprise d’entreprise. Pour affiner davantage cette évaluation, on conseille de croiser la valeur obtenue avec les résultats publiés par les organismes et les magazines professionnels.
Chaque méthode d’évaluation permet d’avoir une vision plus ou moins pertinente en fonction :
- du secteur d’activité de l’entreprise à reprendre,
- de sa taille,
- de sa rentabilité,
- de sa situation financière,
- de ses perspectives d’évolution.
Les experts recommandent une utilisation combinée de plusieurs méthodes afin d’avoir une vision globale de l’entreprise pour mieux aborder la négociation du prix de cession.
Les questions sur l’évaluation d’une entreprise à reprendre
Comment évalue-t-on une entreprise à reprendre ?
L’évaluation d’une entreprise à reprendre dépend de nombreux facteurs tels que le chiffre d’affaires, les bénéfices, les actifs, les dettes, l’historique de l’entreprise, les perspectives d’avenir, etc. Il est important de réaliser une étude de marché approfondie et de faire une analyse financière détaillée pour déterminer la valeur de l’entreprise.
Quels sont les différents types de méthodes d’évaluation d’entreprise ?
Les différents types de méthodes d’évaluation d’entreprise incluent l’évaluation basée sur les bénéfices, l’évaluation basée sur les flux de trésorerie, l’évaluation basée sur les actifs, l’évaluation comparative et l’évaluation basée sur les prévisions financières.
Comment se fait l’analyse financière d’une entreprise à reprendre ?
L’analyse financière d’une entreprise à reprendre implique l’examen de ses états financiers, des flux de trésorerie, des ratios financiers, des tendances de l’industrie et de la concurrence. Elle permet de comprendre la santé financière de l’entreprise et de déterminer sa valeur.
Comment tenir compte des aspects qualitatifs lors de l’évaluation d’une entreprise à reprendre ?
Les aspects qualitatifs tels que la marque, la réputation, le personnel, les brevets et les relations avec les clients doivent également être pris en compte lors de l’évaluation d’une entreprise à reprendre. Il est important d’examiner les perspectives d’avenir de l’entreprise et les risques associés à la reprise.
Comment négocier le prix d’une entreprise à reprendre ?
La négociation du prix d’une entreprise à reprendre implique la compréhension de la valeur de l’entreprise et la mise en place d’une stratégie de négociation appropriée. Il est important de négocier le prix en fonction des avantages et des risques de la reprise, des besoins financiers de l’acheteur et du vendeur, et des perspectives d’avenir de l’entreprise.